Vous courez toute la journée et votre travail vous oppresse. Vous répétez sans cesse : « Je travaille trop, je manque de temps. ». À n’en pas douter, votre activité professionnelle vous envahit, ce qui met en péril votre équilibre et peut-être votre santé. Pour renouer avec le plaisir de travailler, la solution dépend avant tout de vous, dans votre capacité à retrouver un rapport conscient avec le temps. Tel est l’un des messages du slow working, qui prône que ralentir le rythme au travail est possible et n’est pas incompatible avec l’efficacité. Ensemble, sautons dans l’inconnu pour découvrir le slow working, qui séduit de plus en plus de salariés et d’entrepreneurs.
Qu’est-ce que le slow working ?
Le slow working fait partie du concept du slow, né dans les années 80, qui consiste à prendre le temps de vivre et à cultiver la simplicité. Il dit stop aux normes imposées par la société et aux injonctions qui coupent l’homme de lui-même. Trouver sa propre voie, s’interroger sur le sens de ses actions, s’incarner dans une vie juste pour soi et plus consciente, telles sont les valeurs portées par le concept du slow.
L’environnement professionnel constitue un terrain pour expérimenter cette philosophie, d’autant plus que nous passons un tiers de notre vie à travailler. Pourquoi ne pas la pratiquer pour plus d’épanouissement au quotidien ? Plus facile à dire qu’à faire, me direz-vous… Le défi est de taille lorsque l’ambition d’une entreprise vise surtout à générer de la productivité et du profit au détriment de la qualité de vie des salariés. Le slow working se place donc complètement à contre-courant ! Mais à l’échelle individuelle, il propose des pistes à chacun pour révolutionner son rapport au travail.
Le slow working : un nouveau style pour travailler en intelligence
Cesser le travail multi-tâches
Vous ressentez un malaise lorsque vous avez l’impression d’avoir travaillé sans réelle efficacité ? Ce sentiment est très fréquent, car nous sommes tentés ou contraints par la dispersion : nous répondons aux mails, traitons des demandes intempestives, aidons à débloquer un problème et avançons par à-coups sur nos propres travaux. Résultats ? A la fin de la journée, la tête est embrouillée et lasse. Il est temps de reconnaître cette fatigue psychique et de prendre de nouvelles habitudes.
Mon conseil : se fixer une à trois priorités chaque jour et les réaliser l’une après l’autre.
Lorsque vous vous consacrez à une tâche, vous êtes pleinement présent à ce que vous faites. Ce n’est certes pas facile de travailler sa concentration et de renoncer aux distractions, mais des solutions peuvent être trouvées. Par exemple, prévoyez des créneaux pour répondre à vos messages et consulter les réseaux sociaux. Ne répondez pas au téléphone lorsque vous êtes en réunion. Installez des garde-fous pour éviter que l’extérieur vole votre attention.
En agissant de la sorte, vous apprécierez autrement la journée écoulée. D’une part, vous aurez préservé votre santé mentale et d’autre part, vous aurez travaillé beaucoup plus efficacement.
« Personne ne travaille mieux que lorsqu’il fait une seule chose. »
(Saint Ignace de Loyola)
Prendre du recul face à l’immédiateté
La course folle de l’entreprise nous exhorte à traiter les demandes lorsqu’elles arrivent, parce qu’elles ne tolèrent aucun délai. Pourtant, les urgences de la vie professionnelle ne constituent pas, la plupart du temps, de véritables urgences ; elles alimentent l’impatience d’un monde qui nous pousse à produire encore plus vite.
Comme tout slow worker, essayez de décider du moment opportun pour traiter les dossiers soi-disant urgents. Le sentiment de redevenir maître du temps et ne plus être à la merci des autres va vous faire un bien fou. Si la pression extérieure est trop forte, analysez la valeur de l’urgence et les délais raisonnables pour y répondre.
Ralentir le rythme de travail pour booster sa créativité
Le slow au travail vous invite aussi à vous accorder du temps dans la journée pour prendre de la hauteur vis-à-vis de votre activité et vos projets. Ayez un stylo à la main et un bloc note. Le contact du papier procure une sensation nouvelle. Par ailleurs, sans écran devant les yeux, votre disponibilité mentale est plus grande, laissant plus facilement libre cours aux pensées. Vous ne perdrez pas votre temps. En effet, le concept témoigne ici de toute sa richesse : vous allez certes ralentir un peu, mais fructifier vos actions futures.
Vous êtes un entrepreneur indépendant ? Mon conseil : vous pouvez aussi ne rien faire du tout et partir marcher au contact de la nature si cela vous est possible, un autre levier bénéfique pour stimuler votre créativité.
Une invitation à se reconnecter à l’instant présent
Afin de préserver votre équilibre, déconnectez-vous plusieurs fois par jour de votre écran et reliez-vous à l’instant présent. Ayez à l’esprit que votre capacité de concentration dure environ 90 minutes, alors autant vous accorder un répit digital pour repartir ensuite sur un nouveau cycle de travail. Quelques minutes peuvent suffire pour reposer votre cerveau et retrouver une nouvelle énergie. Vous serez ensuite plus efficace pour travailler.
Plusieurs alternatives s’offrent au slow worker : aller boire un verre d’eau, s’étirer les bras et le dos, regarder vers l’horizon si la vue s’y prête, respirer profondément, réaliser cinq minutes de cohérence cardiaque, etc. Si la pause est plus longue comme au moment du déjeuner, il peut en profiter pour faire du sport ou déjeuner seul. Un moment de solitude choisi peut être très régénérateur, surtout dans un contexte collectif.
La minute slow
Adopter la routine de la respiration en conscience 5 minutes par jour. Lors de cette courte méditation, fermez les yeux et accompagnez, avec toute votre attention, votre souffle lors de chaque inspiration et expiration. Concentrez-vous sur les sensations ressenties lorsque l’air parcourt tout votre corps, depuis votre narine jusqu’en bas de votre colonne vertébrale et inversement.
Être présent pour soi, c’est l’être aussi pour les autres
« Garde la fenêtre de ton esprit ouverte, car c’est par là que tu dois voir le monde. »
(Georges Bernard Shaw)
Le slow working vous encourage aussi à vous ouvrir à l’extérieur. La curiosité et l’ouverture sont des valeurs précieuses ; or, elles ne sont pas très répandues dans l’entreprise où chacun est absorbé par son travail et des intérêts avant tout personnels. Construire des liens y est pourtant tout autant enrichissant que dans la vie privée ; le slow working s’inscrit aussi dans cet objectif. A l’heure du tout numérique, pourquoi ne pas aller à l’encontre de la digitalisation des relations qui nuit au lien véritable ? Au lieu d’écrire un email, entretenez la convivialité en prenant le temps de vous déplacer jusqu’au bureau de votre interlocuteur.
En retrouvant de la disponibilité d’esprit, le slow worker peut approfondir des relations durablement. Il contribue aussi à bâtir une entreprise plus humaine par son éthique relationnelle. Un cercle vertueux s’installe, grâce à d’autres valeurs positives qui en découlent comme la solidarité. Si vous n’avez pas conscience de votre rôle social à jouer au travail, il n’est jamais trop tard pour l’endosser. Commencez par cultiver chaque jour une attention sincère aux personnes qui vous entourent.
Mon conseil : lors de l’arrivée d’un nouveau collègue, proposez-lui de déjeuner en tête-à-tête ou en groupe pour faire connaissance. Et ne vous arrêtez pas là ; apprenez à le connaître sur la durée. Qui sait ? Une nouvelle amitié verra peut-être le jour.
Vous l’avez perçu, le slow working n’est pas facile à mettre en pratique, car il représente un acte de résistance. Oser se dévoiler ainsi demande du courage. Et si vous décidiez de vous y engager par étapes en commençant par ce qui fait particulièrement sens pour vous ? Une révolution, même en douceur, reste une révolution. Vous commencez demain ?
Merci à Florence Thesmar