L’hypersensibilité a le vent en poupe. Les livres et articles de presse se sont multipliés depuis ces derniers mois sur ce thème. Le sujet est abordé de différentes manières : définition, forces, faiblesses… Et si nous changions quelques instants de perspectives ? Plongeons dans le monde de l’hypersensible, qui sans le savoir, expérimente la slow life avec beaucoup de naturel.

Qu’est-ce que l’hypersensibilité ?

Touchant environ 15 % de la population, l’hypersensibilité est un trait de caractère, se traduisant par une capacité de voir, d’entendre, de sentir, de goûter et de toucher plus élevée que la moyenne. L’hypersensible fonctionne également différemment sur le plan cognitif : son cerveau est habitué à traiter en profondeur des informations, qu’il reçoit aussi en quantité beaucoup plus importante. Il est facilement déstabilisé, voire submergé par les circonstances de la vie. Exalté par un coucher de soleil ou un morceau de musique, il peut à l’inverse chavirer suite à une remarque sans importance. Son ultra-réceptivité apparaît également au niveau émotionnel : il accède facilement à ses propres émotions et celles des autres. L’empathie, l’intuition, la curiosité sont des composantes fortes de son caractère. Être hypersensible, c’est percevoir le monde d’une façon tout à fait singulière.

hypersensibliité et slow

Les hypersensibles sont pourvus de qualités indéniables ; les spécialistes parlent même de dons ou de puissance. Pourtant, leurs forces ne sont pas toujours vécues comme telles, car ils se sentent en décalage avec l’extérieur et la société en général. Celle-ci ayant tendance à déprécier la sensibilité, ils se sentent incompris et souffrent d’un sentiment de vulnérabilité. Leur défi n’est pas tant de vivre au quotidien leur sensibilité, mais de cohabiter avec un monde qui n’est pas sensible. Comment parviennent-ils à s’adapter ? En faisant de leur spécificité une expérience positive et féconde. Sans en avoir conscience, ils pratiquent, à leur manière, le slow.  

La solitude positive de l’hypersensible

L’ultrasensible traverse la vie avec intensité et à un niveau très intérieur. Il n’a pas faim de distractions extérieures et ne consomme pas de contacts sociaux excessivement. Il a besoin d’indépendance et aime réaliser en solo des activités. Ancré dans sa nature solitaire, il se place à l’abri de l’agitation extérieure, d’émotions trop fortes et de sensations potentiellement envahissantes. Cette appétence pour la solitude est bien vécue parce qu’elle lui est nécessaire : lire, écrire, méditer, cheminer seul lui procurent un repos salutaire, avec l’avantage de profiter aussi à l’extérieur : en se ressourçant dans la quiétude, l’hypersensible sera d’autant plus disponible ensuite pour autrui. Elaine N. Aron, spécialiste reconnue du sujet, alerte seulement sur le danger d’un repli excessif, signe d’un déséquilibre. La solitude n’est alors plus bénéfique ; elle devient une zone de souffrance.  

hypersensible et solitude

Ce besoin de solitude détermine ses choix, notamment au niveau professionnel. l’hypersensible privilégie les lieux tranquilles et n’affectionne en général pas les bureaux collectifs, où circulent des bruits parasites. Il n’est pas rare de rencontrer des hypersensibles qui travaillent chez eux ou sont entrepreneurs. La latitude de ce statut leur permet de mieux maîtriser les aléas de la vie de l’entreprise où le salarié parvient difficilement à faire entendre ses besoins véritables.  

Heureux comme un hypersensible en pleine nature  

Cette disposition naturelle au silence et à l’exaltation s’épanouit dans la nature, une alliée précieuse pour l’hypersensible. Il s’en va rechercher son contact régulièrement, voire chaque jour. Ses antennes sont naturellement attirées par l’univers du végétal. En écoutant le chant d’une forêt, en marchant nu-pieds dans l’herbe ou en contemplant les vagues de l’océan, il se sent heureux et se recharge intérieurement. En étant relié à la nature, il est appelé à entamer un dialogue avec elle ; cette présence pure peut venir combler un manque qu’il ressent dans sa vie. Le refuge lui est doux, simple et apaisant, coupé d’un monde trop effervescent pour lui. Par son pouvoir thérapeutique, la nature apaise aussi son mental, souvent préoccupé.

hypersensible

Personnalité hypersensible, le philosophe Fabrice Midal s’est confié dans son dernier livre sur son lien particulier tissé avec la mer : « En face d’elle, mon esprit se met en pause. Je l’observe pendant des heures, je me dissous dans son mouvement, je m‘accorde à la vibration du monde. »

Une qualité de présence à soi et à l’autre

« La capacité d’être seul, c’est la capacité d’aimer. » (Osho)

L’hypersensible se heurte très souvent à des difficultés relationnelles, mais lorsqu’il évolue dans la confiance de son environnement d’élection, il déploie alors tous ses trésors. Sa nature profonde s’exprime facilement ainsi que l’exaltation qui la caractérise. Son enchantement ne connaît alors pas de limites ; la vie devient une joie et sa générosité de l’instant imprègne aussi ses relations et proches.  

Il est de nature plutôt altruiste. Présent à lui-même, il le sera aussi pour les autres et dans une qualité de présence. Son empathie lui permet d’être dans un lien authentique et de sentir ce que les personnes vivent, ressentent et attendent. Cette attention le rend tout à fait apte à écouter les autres. De telles personnalités se rencontrent d’ailleurs parmi les professions de la relation d’aide comme les thérapeutes, coachs, naturopathes…

Vous vous êtes reconnu dans cette hypersensibilité ? Bien que le monde actuel soit peu sécurisant, restez ancré dans votre vulnérabilité afin d’apporter toute votre beauté et votre profondeur.  

Faisons le vœu, pour finir, que la façon d’être au monde des hypersensibles puisse devenir une source d’inspiration. Les adeptes de la slow life semblent l’avoir déjà compris !

La minute slow article presse

La minute slow

Conseils de lecture : Maurice Barthélemy et Charlotte Wils, Fort comme un hypersensible, Michel Lafon

Elaine N. Aron, Ces gens qui ont peur d’avoir peur, mieux comprendre l’hypersensibilité, Éditions de l’homme

Merci à Florence Thesmar

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